Astaroth, démon de la colère

Ma colère a façonné ce qui est aujourd’hui mon corps, depuis que j’ai chuté aux Enfers. Je mesure 1m95, et pèse 80 kg. Si je vous semble sec, ne pensez pas que je sois maigre. Ma musculature est bien présente, sèche et noueuse. Ma colère boue tellement fort en moi que mes cheveux longs sont devenus roux, roussis par elle si vous préférez. Et ma température corporelle est toujours élevée. Mes oreilles sont pointues, mes ongles peuvent être acérés tels des griffes quand le besoin se fait sentir, et mes ailes qui avant étaient si blanches, ont vu leur plumage tomber. Il ne reste qu’une peau noire, sèche, tannée par la chaleur, et une ossature sombre. S’il subsiste un seul indice de ma naissance angélique, ce sont mes yeux : ils sont restés aussi clairs qu’un ciel de printemps. Mais ne venez jamais me le dire, cela pourrait être le dernier jour de votre vie.
Pour compenser cette chaleur corporelle qui peut être incommodante, je porte des pantalons larges, un peu bouffants aux cuisses, et un large manteau de plumes douces. Très pratique pour ranger armes, petites lames et paquets de clopes. Pourquoi de hautes bottes montantes alors ? Déjà car le cuir, c’est classe ! Ensuite….JE N’AI PAS ENVIE DE SALOPER MES AFFAIRES EN MARCHANT SUR DES OS ET DES CADAVRES SANGUIGNOLANTS, j’aurais pensé que c’était assez simple à comprendre ! Réfléchissez bordel !

J’aime…le calme, l’ordre, la discipline, la logique, la nicotine. Je déteste…tout le reste ! Et tout le monde. Je déteste qu’un imbécile de démon fasse mal son travail, alors que les ordres sont clairs et précis. Je n’aime pas l’à peu près non plus. Quand je donne un ordre, j’exige qu’il soit bien exécuté.
J’abhorre encore plus ces exécrables âmes humaines qui se retrouvent dans mon cercle. Pourquoi hurlent-elles ? Elles n’ont que ce qu’elles méritent. Le libre arbitre…elles l’avaient, alors qu’elles assument !
Mais celui que je subodore plus que tout, c’est moi ! Je suis le pire, le plus incapable, incapable de protéger…
Tout ce qui me fait me souvenir, toute chose qui va de travers, que je ne peux pas contrôler, tout me mets dans une rage folle. Alors, prenant mon fléau, je peux soit corriger le démon incapable, soit aller moi-même corriger les âmes maudites sous ma garde. Tout dépend de la folie furieuse qui s’empare de moi. Parfois même, je ne me rappelle plus. Je me retrouve alors allongé sur mon lit, des bandages sur les bras et les cuisses, et là je comprends : on m’a soigné, car j’ai recommencé à me scarifier avec des lames, si fort que j’en ai perdu connaissance.
Personne n’est digne…pas même Dieu !

Il y a longtemps…oh ! Si longtemps…Dieu avait créé le ciel puis la Terre, la Lumière et la Nuit, et ses enfants, les anges, créatures chargées de le servir. Il était un père si bon, si aimant, nous aurions tout fait pour lui plaire et nous attirer ses faveurs. N’y voyez rien d’inconvenant, seulement la satisfaction qu’un enfant a lorsqu’un parent reconnait ses efforts et le félicite d’un câlin ou d’un mot gentil. C’était un Eden…un Paradis. Et j’en faisais parti, moi, le doux et fidèle Astaroth.

Puis un beau jour, Dieu créa une nouvelle espèce, l’homme. Adam et Lilith. Puis ce fut Eve, quand Lilith fur séduite par Lucifer. Je pleurais la perte de tant de mes frères, une infinie tristesse s’emparant de mon cœur devant tant de départs, tant de pertes et de rancœur. Nous étions les enfants de Dieu, ne devions nous pas faire ce qu’il nous demandait. Les Hommes étaient jeunes, il nous revenait en tant qu’aînés de les aider à s’élever en grandissant de la manière la plus harmonieuse possible. Pourquoi refusais-tu de comprendre Lucifer ? Les hommes pouvaient être si bons, et leurs femmes si douces. Je m’étais prit d’affection pour eux, au point de m’approcher souvent d’eux.

Peut-être trop pourrait-on dire avec le recul, au point de me brûler les ailes. Je tombais, oui, je tombais amoureux d’une femme, mon adorable fleur de miel, qui m’offrir la joie de mettre au monde mon enfant. Sang de mon sang chair de ma chair, aucun bonheur n’était plus grand que celui-là. J’étais l’ange le plus heureux de la Terre.

Alors pourquoi ? Pourquoi si Dieu a fait les Hommes à son image, pourquoi m’ont-ils tout pris ? Pourquoi un jour, revenant de l’Eden après y avoir rempli mes occupations, je retrouvais ma femme et mon fils en train de brûler vifs sur un bûcher, devant notre ferme, en flamme. Ces humains…psalmodiaient des prières à la gloire du Seigneur victorieux des démons et de ses adorateurs, traitant ma douce femme de catin, débauchée qui ne s’était pas mariée et avait eu un fils, qu’ils traitaient de bâtard. Hagard…je m’approchais. C’était le temps de la moisson, la récolte avait été bonne, ma famille n’aurait pas du mourir de faim et pourtant…ils hurlaient !! Ce cri à mes oreilles, le pire qui soit. Fou de rage devant mon impuissance, je saisis un fléau posé sur une barrière, celle qui parquait nos moutons, et les abattis. J’entendais leurs os se rompre, je sentais sur ma peau et ma tunique leur sang gicler, mai ce n’était pas assez. Pourquoi ? J’étais une bête enragée criant vengeance, criant justice. Quand tout ne fut plus que cendre, je me relevais. Combien de temps étais-je resté étendu sur le sol, du sang coagulé sur moi ? J’avais du m’évanouir, après ce carnage. J’enterrais les pauvres restes de ma famille et me recueillais sur leurs tombes, avant de remonter au Paradis, tel quel. Je voulais des réponses…Il me fallait des réponses. Je me sentais au bord de la folie. Pourquoi eux ? Qu’avions nous fait ?

Pour toute réponse, Dieu me répondit que j’avais bravé un interdit, que nos deux races ne devaient pas se mêler. Mais pourquoi !! Nous étions tous ses enfants, nous étions égaux ! Pourquoi laisser cette injustice !! Je hurlais ma colère devant lui, et ce que je voyais être du mépris pour la vie des deux plus belles créatures au monde, qui étaient mortes. La rage me consuma, et je chus en Enfers, délaissé par Dieu.

Je me réveillais dans les ténèbres des Enfers. Là, Lucifer m’accueillis à bras ouvert. Je le regardais avec indifférence, tout m’étais indifférent. Tout me paraissait gris et triste. Je jurais de le servir s’il me laissait assouvir ma vengeance. Il rigola de son rire mauvais, et accepta. Je devins alors le gardien du cinquième cercle, celui des colériques. Funeste blague de mon nouveau roi…Je prenais mes fonctions avec une farouche détermination, attendant mon heure.

Et je n’eu pas à attendre. Un rictus aux lèvres, j’observais Caïn et Abel faire leurs offrandes à Dieu, et là j’entendis la colère de ce dernier, sa jalousie, et je me mettais à lui murmurer doucement des paroles tentatrices à son esprit. Ce serait si doux de tuer Abel, un tel soulagement. Dieu serait obligé de reconnaître la valeur de ton offrande et du labeur qu’elle t’a coûté : il est tellement plus facile d’élever du bétail que de faire pousser des fruits de la terre. L’humain fut facile à manipuler, quoique cela me coûta un violent mal de tête. Quelques jours plus tard, il tuait son frère, s’attirant la malédiction de Dieu. Tes hommes si parfaits ne le sont pas. Ils n’ont aucun self-control, aucune retenue. Je te le prouverai encore et encore, jusqu’à ce que tous ces êtres impurs soient éradiqués de la surface d’une Terre dont ils ne sont pas dignes.



¤ Petite description rapide : Astaroth est un démon colérique. Si chaque colère semble due au hasard, à chaque fois il y a une raison, qu’il tait : si vous n’êtes pas capables de comprendre, vous êtes indignes de son intérêt. Il cherche à se venger des hommes, qu’il trouve indignes de fouler la Terre que leur a donné Dieu.